Le blog des Harpes Camac
Un concert… d’Anthologie !
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17 octobre, 2015
Dimanche 11 octobre, Carhaix (29, Bretagne) était réellement la capitale de la harpe bretonne à l’occasion de la sortie officielle de l’« Antologiezh Telenn Breizh / Anthologie de la Harpe Bretonne ». Les trois recueils de l’Anthologie, réunis sous la direction de Tristan Le Govic qui réalise là un travail fantastique, sont conçus pour être pédagogiques (chaque volume correspond à un niveau : élémentaire, intermédiaire et avancé) et pour montrer la diversité de la harpe bretonne de nos jours, au travers des arrangements et compositions des différents harpistes réunis pour ce projet. Et la journée de dimanche reflétait tout à fait cet état d’esprit.
Nous sommes très fiers d’avoir pu apporter notre soutien à ce bel événement, organisé par le Collectif Arp. Le succès était au rendez-vous puisque pas moins de 42 harpistes ont participé aux stages de l’après-midi. Deux ateliers pédagogiques étaient organisés : un stage avec Alice Soria-Cadoret pour les débutants et un stage avec Quentin Vestur pour les avancés. Ces ateliers se sont conclus par une prestation des stagiaires.
A 17h, en ouverture du concert dans l’amphithéâtre de l’Espace Glenmor à Carhaix, nous avons d’abord pu écouter la jeune Louisette Desportes qui a interprété « Pedenn evit Breizh ». La jeune élève ne s’est pas laissé impressionner par la salle comble, les projecteurs braqués sur elle, une belle expérience pour la harpiste qui n’est certainement pas prête d’oublier ce moment. Cette « Prière pour la Bretagne » a résonné comme un symbole en cet événement célébrant la musique bretonne à la harpe et ses représentants, en plein cœur du Kreiz Breizh. « Pedenn evit Breizh » est un morceau qui a été arrangé en 1953 par Georges Cochevelou, le père d’Alan Stivell. C’est à cette époque que la harpe celtique commence à renaître en Bretagne. Depuis, l’instrument en lui-même, mais aussi son répertoire et son jeu, n’ont eu de cesse de se développer et d’évoluer pour en arriver à la diversité et au dynamisme qui la caractérisent aujourd’hui.
Après ce morceau interprété par Louisette, ce sont pas moins de sept harpistes qui prennent place sur scène : Nikolaz Cadoret, Hoëla Barbedette, Cristine Mérienne, Tristan Le Govic, Clotilde Trouillaud, Dimitri Boekhoorn et Maël Lhopiteau. Sept représentants de cette jeune génération de harpistes bouillonnante d’idées et débordante d’envie et d’énergie, une génération qui casse les codes, repousse les limites de l’instrument. Là encore, on retrouve toute la diversité présente dans l’Anthologie, que ce soit dans les instruments, comme dans le répertoire. En effet, sur scène, se côtoient harpes électroacoustiques, harpe chromatique à quart de tons, harpe à cordes métalliques, électroharpes…
L’Anthologie de la Harpe Bretonne est bien entendu consacrée à la musique bretonne. Et le concert a également été l’occasion d’un vibrant hommage à Albert Poulain (collecteur, chanteur, conteur du pays gallo, décédé la semaine dernière) au travers d’un air traditionnel de Haute-Bretagne intitulé « La verte épine » (air qu’Albert Poulain avait collecté et publié dans ses « Carnets de Route » et que Clotilde Trouillaud a arrangé pour harpe).
Un bel hommage a également été rendu à Kristen Noguès, harpistebretonne trop tôt disparue, qui a laissé derrière elle une très belle contribution au répertoire pour harpe celtique, un grand nombre d’arrangements et de compositions qui n’ont malheureusement pas été édités. C’est donc une grande chance que de pouvoir retrouver dans chacun des trois volumes de l’Anthologie une pièce de cette brillante musicienne : Gwerz Marv Pontkalleg (volume 1), Metig (volume 2) et Kleier (volume 3).
Il était également intéressant de constater à nouveau que tradition et modernité ne sont pas incompatibles et font toutes deux partie de l’essence même de la harpe celtique. Ainsi, lorsque Nikolaz Cadoret à l’électroharpe et Cristine Mérienne au chant interprètent la « Gwerz Ker Ys », toute la modernité de l’électroharpe, secondée de pédales d’effets, vient souligner la mélodie traditionnelle de cette ancienne gwerz (complainte bretonne), publiée sur feuille volante en 1850 et parvenue jusqu’à nous grâce à la tradition orale, passant ainsi de génération en génération.
En parlant de la Ville d’Ys, c’est d’ailleurs Théodore Hersart de La Villemarqué qui a été le premier à publier une notation d’un chant concernant cette légende, « Livadenn Ker Ys (La Submersion de la Ville d’Ys) », dans son célèbre Barzaz Breiz, ouvrage dont nous avons parlé récemment et dont certains airs sont bien entendu présents dans l’Anthologie de la Harpe Bretonne (comme justement « Livadenn Ker Ys », mais aussi « Bale Arzhur », « Gwerz Marv Pontkalleg » (volume 1), « Penn-herez Keroulaz », (volume 2), une composition de Brigitte Baronnet à partir de « La Tour d’Armor » (volume 3)…).
Le concert s’est terminé par une belle photo de famille avec les artistes présents sur scène bien sûr, mais aussi les nombreux contributeurs à cette Anthologie qui avaient tenu à être présents pour cette belle fête. Tous les morceaux interprétés dimanche (et bien d’autres puisque chaque volume comporte respectivement 43, 36 et 30 arrangements et compositions) sont à découvrir dans l’Anthologie de la Harpe Bretonne. Vous pouvez bien entendu vous procurer les trois volumes dans notre boutique en ligne ! Nous sommes très heureux d’en être les distributeurs exclusifs, alors si vous avez un magasin de musique et que vous souhaitez proposer ces excellents recueils dans votre établissement, n’hésitez pas à nous contacter !