Le blog des Harpes Camac
Passion, authenticité et bases solides : Heather Downie
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17 janvier, 2025
La harpiste écossaise et professeur de harpe celtique au Conservatoire Royal d’Ecosse, Heather Downie, est la force créatrice derrière la remarquable école en ligne : How to Harp. « Je suis vraiment fière de ce que nous avons réalisé, et de pouvoir offrir un enseignement abordable aux particuliers, ce à quoi j’ai eu du mal à accéder en tant que harpiste en herbe. »
Un certain nombre de membres de la communauté How to Harp prennent des cours individuels avec d’autres professeurs, mais bénéficient des leçons d’Heather sur la technique ou les morceaux entre autres sujets. Également au programme, un concert et un atelier mensuels donnés par un professeur invité. « De plus, j’organise des power hours où les membres peuvent poser toutes les questions qu’ils veulent. »
Tout ce petit monde s’apprête à quitter le monde virtuel pour se retrouver au séminaire How to Harp, qui se déroulera la semaine prochaine à Stirling, en Écosse. Parallèlement aux ateliers quotidiens et aux activités liées à la harpe, des concerts seront donnés par Heather, Ben Creighton Griffiths et Bill Taylor (harpes anciennes et à cordes métalliques).
Mais comment tout cela a-t-il commencé ?
LES RACINES
Heather est très attachée au fait que la harpe doit être accessible à tous. « Je viens d’un milieu très éloigné des harpistes ou de toute cette culture. Ma mère était assistante sociale et mon père a exercé différents métiers au fil des ans. Ils nous ont vraiment poussés, mon frère et moi, à saisir le plus d’opportunités possible et je leur en suis très reconnaissante pour tous leurs efforts. »
Heather a commencé à s’intéresser à la harpe en allant en famille assister à des ballets. Lorsque Heather avait cinq ans, sa mère dépensait ce qu’elle pouvait pour des billets avec vue sur la fosse d’orchestre, où la harpe a immédiatement attiré son regard :
« Je passais tout mon temps à scruter la fosse d’orchestre, demandant à ma mère pourquoi le “grand instrument” ne jouait pas. Mais quand il a fini par jouer, c’était captivant. À partir de ce moment-là, je n’ai plus cessé de parler de la harpe. »
De son propre aveu, Heather est devenue obnubilée par son intention d’acquérir une harpe. Elle économisait son argent de poche et lavait des voitures, sans se rendre compte que cela ne suffirait peut-être jamais pour s’acheter une harpe. Plus tard, lors de vacances à Inverness, la famille a visité Balnain House, un haut lieu de la culture et des traditions écossaises : « J’ai participé à un atelier de harpe là-bas, et en parcourant les petites annonces, je suis tombée sur plusieurs harpes d’occasion. À ma grande surprise, il y avait une belle harpe celtique ancienne disponible pour 800 livres. Malheureusement, cela dépassait largement notre budget. »
Ayant grandi à Dunblane, Heather elle est allée à l’école primaire de cette ville et fut l’une des survivantes de la terrible fusillade qui s’y était déroulé en 1996. Plus tard, le Dunblane Trust a été créé pour apporter un soutien aux enfants qui avaient vécu cette tragédie : « Mes parents ont écrit au Dunblane Trust, qui nous a offert une aide financière me permettant d’acheter ma première harpe. Sans cette aide, je ne serais pas devenue harpiste ».
Cependant, bien qu’elle ait un instrument, l’accès à des cours de qualité et abordables semblait impossible. Déjà pianiste accomplie, Heather s’est mise à apprendre seule pendant un certain temps. Après une courte période d’études, Heather a obtenu une bourse pour le stage Splore Summer School pendant le festival international de la jeunesse d’Aberdeen. Se retrouvant au sein d’un groupe de jeunes déjà plongés dans l’enseignement traditionnel depuis de nombreuses années, Heather ne s’est pas sentie à sa place : « J’avais toute la passion, mais pas forcément les bases ».
Finalement, il a été convenu qu’Heather prendrait des cours avec Charlotte McGirr, une enseignante expérimentée de harpe celtique, faisant du stop avec son frère aîné et ses amis pour faire le voyage : « Charlotte m’a vraiment aidée. C’était une harpiste très traditionnelle. Très vieille école dans son approche et sa technique et c’est exactement ce dont j’avais besoin. C’était parfait. »
Armée d’une meilleure confiance en elle et d’une meilleure maîtrise technique de l’instrument, Heather, à 17 ans, s’est inscrite en licence de harpe traditionnelle au Conservatoire royal d’Écosse (RCS). « Je suis allée à l’audition avec cette harpe un peu déglinguée, assise sur un petit tabouret en osier. Je ne pense pas qu’à ce moment-là, j’ai réalisé à quel point j’étais différente des autres. »
Peu importe les différences, l’école a immédiatement accepté son inscription, à condition qu’elle acquière un meilleur instrument pour ses études. Un autre obstacle à surmonter, qui à l’époque semblait financièrement inaccessible.
Peu de temps après, et alors qu’elle se demandait encore comment faire, Heather et sa mère ont assisté au Festival international de harpe d’Édimbourg, où elle a été présentée à Elen de Telynau Vining :
« Je suis tombée amoureuse d’une harpe (une Mélusine). C’est là que Camac entre en scène, et je suis souvent un peu émue en racontant cette partie. Je ne sais pas exactement quelle conversation a eu lieu entre ma mère et Elen, mais le résultat est que nous sommes reparties du festival avec cette harpe. Depuis, tout au long de ma carrière, j’ai trouvé chez Camac du soutien et de la considération. Tous les membres de l’équipe sont tout simplement extraordinaires ».
LA RECHERCHE DE L’IDENTITÉ
Malgré la joie de travailler sur un très bon instrument, Heather était toujours en proie à un manque de confiance : « Je sentais que quelque chose devait changer. » Puis, au début de sa troisième année, elle a eu l’occasion de faire une tournée de deux semaines en Allemagne et au Danemark dans le cadre de son cours :
« Cette expérience m’a changée. J’ai réalisé que j’avais constamment essayé de faire ce que les autres attendaient de moi. J’essayais de plaire à mes professeurs, de m’intégrer et de répondre à leurs attentes plutôt que d’être fidèle à moi-même. Avant la tournée, j’ai décidé que je jouerais simplement la musique qui était naturelle pour moi, et je me suis bien amusée. »
LE PARTAGE DES CONNAISSANCES
Après avoir terminé ses études au conservatoire, Heather s’est épanouie dans les concerts et dans une carrière d’enseignante en plein essor : « Je suis très attachée au fait d’encourager les gens à être eux-mêmes dans leur musique. »
L’enseignement de Heather a été profondément influencé par ses propres professeurs, Wendy Stewart, (qu’elle appelle « Harp Mama ») et Corrina Hewat :
« Je crois que Corrina et moi partageons toutes deux une véritable passion pour briser les frontières, aller de l’avant et motiver nos élèves à viser l’excellence. C’est notre approche depuis de nombreuses années. Il y a trois ans, elle a décidé de prendre un peu de recul, et j’ai par la suite assumé le rôle de professeur principale de la harpe celtique. Chaque année, j’invite un professeur différent, une idée qui me tient à cœur car elle permet aux élèves d’avancer avec d’autres personnalités créatives. »
Pour conclure, Heather résume son amour de l’enseignement :
« J’aime voir les personnes découvrir des choses par elles-mêmes et apprendre à mieux se connaître à travers leur musique, en exprimant des choses qu’elles n’ont peut-être pas réussi à transmettre par d’autres moyens. »
À la semaine prochaine, Heather !