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Nabila Chajai et ses Madeleines musicales

Nabila Chajai, une harpiste réputée pour son talent et sa musicalité exceptionnels aussi bien en tant que soliste qu’au sein d’orchestres, qu’elle joue de sa harpe Erard historique ou de sa harpe Camac, a connu une période d’accalmie entre ses projets cet été. Dans sa démarche pour pallier sa réticence naturelle à l’égard des réseaux sociaux, elle a conçu une série de « Madeleines musicales » enregistrées quotidiennement pour les partager sur les différentes plateformes.

 

Nabila travaille sur une madeleine dans son atelier.

Nabila travaille sur une madeleine dans son atelier.

 

 

À l’image de ce délicieux gâteau, originaire de France mais adoré dans le monde entier, chaque morceau qu’elle a méticuleusement arrangé et enregistré offre à l’auditeur un moment savoureux. En ce mois de décembre, ce projet, rehaussé par les illustrations lumineuses de sa sœur Ghizlène, a été revisité. Cette fois, il comprend non seulement ses chansons préférées, mais aussi celles plébiscitées par le public ! Nous nous sommes entretenus avec Nabila (alors qu’elle répétait avec l’Orchestre du Capitole de Toulouse) pour en savoir plus sur ce projet qui lui « permettait d’avoir une vraie communication sur les réseaux sociaux tout en restant moi, montrer qui j’étais, ce que j’aime et mes différentes passions. »

Comment vous est venue l’idée de réaliser ce projet ? S’agit-il en quelque sorte de déjouer les algorithmes, qui jouent parfois contre les artistes ?

 

« Depuis quelques années, je ressens le grand besoin de développer beaucoup plus mes projets personnels en soliste, ainsi d’être maître de mes propres projets. Et pour pouvoir réaliser cela évidemment, il faut aussi comprendre les outils de comment se présenter et comment présenter ses projets. Il paraissait aussi évident qu’il fallait apprendre à utiliser ces réseaux sociaux qui sont les outils de communication de notre temps. J’ai trouvé ça très (trop) chronophage et dénué de sens en fait et je ne m’y retrouvais pas.

Cet été, j’avais beaucoup de temps et l’idée m’est venue spontanément, comme une évidence en triant mon appartement : pour me motiver dans ce tri, j’écoutais les morceaux que j’aimais beaucoup et je me suis replongée naturellement dans mes souvenirs.

Je me suis dit ‘mais oui, en fait on a tous une playlist préférée’, et là du coup l’idée de faire une playlist et d’avoir un vrai contenu avec du sens, une vraie proposition artistique régulière, spontanée et authentique m’est apparue, et c’est ainsi que les madeleines sont nées ! »

 

Comment s’est déroulée l’expérience de préparer et de partager autant de répertoire, rapidement et spontanément ?

« L’expérience fut à la fois excitante et un sacré challenge. Comme l’idée était née une semaine avant le début des madeleines, je n’avais quasi aucun arrangement des pièces non-classiques de la liste. Je me suis fait un calendrier prévisionnel en fonction de la difficulté et donc du coup du temps que certaines pièces allaient me demander pour essayer d’anticiper au moins quelques jours près. 

Du coup, la journée commençait à 6h30 du matin, je me posais dans le café de mon quartier de 7h30 à 9h30 pour écrire les arrangements. Puis, je rentrais je travaillais de 10h à 11h30, puis de 11h30 à 13h. Je commençais les enregistrements à savoir que comme je ne faisais aucun montage je pouvais vraiment passer deux heures à enregistrer un morceau de quatre minutes jusqu’à la moindre grosse erreur qui pouvait arriver. Puis je faisais une pause à 15h et je recommençais le travail pour celle du lendemain. À partir de 17 heures, il fallait commencer à présenter visuellement la Madeleine, donc avec des applications de montage pour le générique que j’avais conçu avec l’illustration faite par ma sœur Ghizlène Chajai.

 

Madeleines are individually illustrated by Nabila's sister ©Ghizlène_Chajai

Les madeleines sont illustrées individuellement par la sœur de Nabila ©Ghizlène_Chajai

 

L’autre défi était avec les madeleines classiques : arriver à me détacher de ce conditionnement du système classique, surtout après des années de concours d’orchestre, la pression du zéro faute ! Oser des choses, jouer musicalement en y mettant ses tripes, c’est une prise de risque et elle vaut largement quelques erreurs. »

 

Avez-vous une madeleine favorite ? Je sais qu’elles sont toutes vos préférées !

« Pour résumer, à la mise en boîte de la dernière Madeleine j’ai eu un cri de joie, de soulagement, d’être arrivée au bout du projet et de ne pas avoir baissé les bras parce qu’il était très dur à tenir physiquement et mentalement, pour le boulot que ça demandait au niveau des arrangements, du travail, de l’enregistrement, de la publication et tout ça en très peu de temps, j’ai ressenti un bonheur immense.

Choix difficile car je les aime toutes effectivement. Si je devais faire un top 7 je dirais le Glory Box de Portyshead, Life on Mars de Bowie, Hijo de la Luna de Mecano, Parce que de Gainsbourg, The secret Life of Plants de Stevie Wonder, Asfour de Marcel Khalife…. Et tout de même pour la beauté du moment partagé, la dernière collective Ya Raya de Rachid Taha. »

 

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J’ai entendu dire que vous étiez ouverte aux suggestions pour votre prochaine série… Pouvez-vous m’en dire plus ?

 

« L’idée effectivement est de porter ce projet au plus loin, sous différentes formes, pas uniquement virtuelles. Déjà plusieurs playlist, la prochaine sera en décembre et sera constituée de madeleines des personnes qui ont suivis le projet : les volontaires m’ont envoyé une liste de 3 de leurs propres madeleines ,j’en ai sélectionné pour constituer une liste de Noël. Chaque jour, un participant recevra « sa » madeleine en cadeau ! Une prochaine playlist est aussi en cours pour février sur un thème bien particulier.

Autre point important du projet : c’est aussi une collaboration artistique avec l’artiste Ghizlène Chajai, qui se trouve être ma sœur. Elle a conçu une madeleine illustrée pour chaque titre de la 1re playlist. Pour présenter ses œuvres sur les réseaux, nous avons imaginé un jeu de reconnaissance de madeleine ce mois-ci.

L’idée à long terme sera de proposer une expo, inventer une nouvelle forme de concert autour de ces madeleines. En gros, nous développerons au maximum cette idée car elle nous tient à cœur » !

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