Le blog des Harpes Camac
«Des correspondances qui touchent à leur essence même.» : Concert pour Debussy
Actualités
12 septembre, 2024
Le vendredi 13 septembre 2024, le dernier enregistrement du Trio Antara (Emmanuelle Ophèle – flûte, Odile Auboin – alto, Ghislaine Petit-Volta – harpe) paraîtra sur le label Paraty.
Avec la collaboration du compositeur et arrangeur Benoît Sitzia (né en 1990), le trio explore un monde sonore crépusculaire qui capture, cristallise et élargit le concept sonore créé par Debussy dans sa sonate fondatrice. Non seulement à travers cette combinaison unique d’instruments, mais aussi en tissant des liens avec la musique claveciniste qui a inspiré le compositeur dans son dernier cycle de sonates instrumentales.
Benoît Sitzia et le Trio Antara présentent ainsi les mondes riches et fantastiques qui caractérisent Debussy et ses contemporains et les relient à Rameau. Il en résulte un sens magique de la narration, un voyage dans le monde de Pan, des faunes, des grands oiseaux, le son des guitares dans les jardins espagnols, la nostalgie de ce qui est passé et peut-être oublié depuis longtemps.
Cela n’est nulle part plus évident que dans l’adaptation époustouflante par Sitzia des six épigraphes de Debussy, dans une lecture si empreinte de mystère et d’ancienneté qu’il est difficile de croire que ce n’était pas la manière dont Debussy les avait toujours envisagées.
Les mots de la harpiste du groupe, Ghislaine Petit-Volta, résument parfaitement les éléments magiques qui constituent ce disque vraiment remarquable, un trésor de musique enregistrée, que nous recommandons vivement :
« Le projet discographique Concert pour Debussy est le fruit d’une collaboration de plusieurs années entre le Trio Antara et le compositeur et directeur artistique Benoît Sitzia. La sonate pour flûte, alto et harpe de Debussy, véritable atelier-laboratoire de la pensée et de la poétique Debussyste, permettra l’essor et le passage à la postérité de cette formation chambriste qui inspire depuis nombre d’œuvres nouvelles.
La première incarnation de ce programme remonte à octobre 2018, lors d’un concert à la Bibliothèque nationale de France en l’honneur du centenaire de la disparition de Claude Debussy (1918 – 2018).
Le titre d’alors: « Debussy, L’écho d’une guerre », était un projet multimedium, une représentation de la pensée et de la poétique Debussyste faite de musique, de textes et de photos : on y trouvait des lettres de Debussy pendant la guerre, des extraits du livre d’Eric Vuillard « La bataille d’occident », ainsi que des photos de reflets dans les eaux de la Creuse prises par Jean-Marc Volta (la poétique de l’eau, thématique chère à Debussy). Et déjà une partie des œuvres de l’enregistrement.
En fait, la photo de couverture du CD n’est pas une peinture, c’est une des photos qui a fait partie de ce projet [Photographies et illustrations du livret : Jean-Marc Volta]. Le projet s’est poursuivi et s’est transformé en « Concert pour Debussy », sans la sonate en trio. Un programme composé essentiellement de transcriptions réalisées par nous-mêmes ou par le compositeur français Benoît Sitzia, ces transcriptions pour nos instruments présentent une lecture d’œuvres de Jean-Philippe Rameau, Claude Debussy, Paul Dukas et Manuel de Falla.
Une admiration profonde pour ces œuvres composées pour d’autres instruments préside à notre choix et justifie cette appropriation où le changement de médium instrumental induit des transformations de couleur sans jamais porter atteinte au texte original. Si l’on considère que toute notation musicale est déjà une transcription, celle d’une idée abstraite qui ne prend forme qu’à partir du moment où la plume s’est emparée de cette idée, alors l’interprétation de cette notation propose encore un autre type de transcription.
Ces transcriptions de pages initialement composées pour clavecin, violon, viole de gambe, guitare ou piano, nous offrent la possibilité d’un approfondissement de ces œuvres autant que l’opportunité de tisser des liens, des connexions et des correspondances qui touchent à leur essence même.
L’hommage à Claude Debussy est donc ici rendu par le choix des compositeurs et des pièces présentées autant que par la couleur instrumentale si originale qui découle de sa Sonate pour flûte, alto et harpe. »