Le blog des Harpes Camac
La harpe Mélusine…
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18 mars, 2021
En Suisse, la chanteuse et harpiste Céline Hänni touche un nouveau public avec la harpe à leviers. Son travail comprend des performances artistiques multidisciplinaires dans des musées, des clubs ou des espaces alternatifs, des improvisations en solo ou en groupe, et des projets à vocation sociale : vous trouverez tout cela fascinant, inattendu et en constante évolution. Sous le nom d’artiste Orlando, son récent album Anywhere Road est une exploration musicale de textes de Thoreau, Fernando Pessoa, Emily Dickinson et Emily Brontë. Un autre projet consiste à explorer de nouveaux paysages sonores à partir des 20 000 heures d’enregistrements des archives du Musée d’ethnographie de Genève.
La harpe à pédales, notamment électroacoustique, est un objet de création (un peu) plus courant dans le domaine de la musique contemporaine alternative. Bien que de formation classique, Céline Hänni a une relation compliquée avec la grande harpe. « J’ai toujours eu une relation ambivalente avec la harpe à pédales, ayant assez peu d’affinités avec le répertoire « classique ». Au début de mon parcours, je me suis consacrée à la voix, explorée à travers les musiques traditionnelles et la musique contemporaine. Hélène Breschand et Zeena Parkins, repoussant les frontières de l’instrument, m’ont également inspirée. Dans la création contemporaine, la harpe recèle un énorme potentiel, un vaste monde sonore. Après m’être consacrée durant plusieurs années à des recherches assez expérimentales, j’ai ressenti le besoin de revenir au mélodique, à l’acoustique, à une forme de simplicité, dans la forme et dans le son. »
Le retour de Céline à la harpe a commencé avec une harpe celtique électrique. Elle a beaucoup exploré les traitements des sons accompagnant ses expériences vocales. « Ces expérimentations ont ouvert la porte à bien d’autres pratiques », poursuit Céline, « J’ai toujours aimé explorer ; j’aime puiser l’inspiration à des sources autres que musicales, croiser les disciplines et les transposer ensuite dans ma propre pratique. L’art brut, notamment, est une source inépuisable de découvertes et d’étonnements. Dans le projet Mille choses de terre, performance basée sur des textes bruts, la sonorité de la harpe se rapproche de celle de la guitare électrique. »
De son côté, Orlando représente un retour à un son plus acoustique. La harpe est toujours amplifiée, mais cette fois la harpe reste acoustique, simplement captée grâce à des micros-contact. Pour Céline, il s’agit d’une exploration de ce qu’elle décrit comme le « son chaud et rond » de sa harpe Mélusine. « Actuellement, lorsque je travaille chez moi, je le fais de façon acoustique. J’ai travaillé avec un ingénieur son afin de trouver le meilleur moyen d’amplifier la Mélusine en conservant ses qualités acoustiques. »
Une nouvelle musique signifie un nouveau public. Du festival Suoni Mobili 2021 (si les conditions sanitaires le permettent), aux installations dans les bibliothèques et à un nouveau projet avec le tabla, Céline ne cesse d’élargir la voix de la harpe à leviers.
« Je m’intéresse également aux projets qui ont une dimension « sociale ». Quel rôle une musicienne joue-t-elle aujourd’hui dans la société ? La crise que nous traversons rend cette question particulièrement prégnante. Nous vivons une période charnière, qui va sans doute engendrer de grands changements dans les pratiques artistiques et culturelles. Depuis quelques années, la transmission occupe une place fondamentale : grâce à des ateliers d’improvisation vocale, avec des participants de tous âges et horizons, sans aucune connaissance préalable. Juste le plaisir d’explorer ensemble, la rencontre par la musique, la musique par la rencontre. Les musiciennes jouent un rôle fondamental dans la société contemporaine : celui d’ouvrir des portes, des espaces d’échanges et de liberté. »