Le blog des Harpes Camac
La harpe la plus haute du monde !
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19 février, 2020
C’est officiel : la harpe celtique Camac Janet est la fière détentrice du record de la plus haute harpe du monde ! Du moins, ce record est entre les mains de Siobhan Brady, la harpiste la plus élevée au monde. Après de nombreuses vérifications minutieuses pour s’assurer que c’est vraiment vrai, le Guinness World Records a confirmé que, lors de son concert dans l’Himalaya pour collecter des fonds pour la recherche sur la mucoviscidose, la harpe a été jouée à une altitude plus élevée que jamais. C’était à 4954 mètres, le 6 septembre 2018, au col de Singla en Inde. Janet Harbison a également contribué, au travers de sa composition pour harpe, « By Strangford Waters », qui a été créée par Siobhan lors de ce concert.
Nous avions déjà blogué sur ce projet : un concert incroyable dans un camp de base équivalent à celui de l’Everest. C’était l’idée de feu Desmond Gentle, également célèbre pour avoir apporté un piano à la mine de sel de Salina Turda en Roumanie, et dans la région montagneuse du Zanskar. Le concert le plus élevé du monde était une façon pertinente de sensibiliser à la maladie pulmonaire qu’est la mucoviscidose, ainsi qu’aux difficultés respiratoires causées par la pollution. A 5000m, vous respirez 12% d’oxygène, contre 21% au niveau de la mer. Il est difficile de respirer, et encore plus de jouer, et en effet, à tel point que tous les musiciens impliqués n’ont pas pu atteindre le point culminant.
Si vous pensez que la pratique de la harpe est suffisante pour faire face à la situation, ayez une pensée pour Siobhan, son père Sean et le reste de l’équipe du Highest Concert. Avant de partir pour l’Himalaya, ils ont dû suivre une formation hypoxique de trois mois au centre d’altitude de Limerick. « C’est une pièce étanche qui réduit l’oxygène pour créer l’atmosphère simulée à 4800m », rapporte Sean. « Pendant cet entraînement intensif, notre régime alimentaire comprenait des aliments riches en fer comme le chou frisé et les épinards, pour augmenter notre production de globules rouges. On nous a également conseillé de boire beaucoup de liquides, dont du thé vert, pendant l’acclimatation à Leh, ainsi que de consommer des glucides comme des pâtes et du pain pour nous aider à supporter les effets de l’altitude.
« Leh, notre camp de base pour l’acclimatation et où les artistes ont répété, possède l’un des plus hauts aéroports du monde. Les avions sont souvent cloués au sol en raison de la faible pression atmosphérique, et la piste est inclinée pour donner aux avions une plus grande portance au décollage. Même ici, l’altitude peut être dangereuse – l’acteur Chris Hemsworth a failli mourir lors de sa visite à cet endroit en 2016. Un autre défi était la poussière, c’est pourquoi il a été recommandé de porter des masques de protection de niveau militaire (surtout pour les chanteurs).
« Siobhan et moi avons vraiment ressenti le bénéfice de l’entraînement en altitude lorsque nous avons atteint 5000m. A ce moment, deux membres de l’équipe avaient besoin d’oxygène, et l’un d’entre eux a dû être descendu rapidement et transporté d’urgence à l’hôpital en raison de difficultés respiratoires, et un autre a été déconseillé de faire l’ascension finale ».
Quant au membre de l’équipe qui n’a eu besoin ni d’oxygène ni d’entraînement hypoxique : comment la harpe a-t-elle résisté à l’altitude ? Elle a parcouru 5000 miles, de Limerick en Irlande à Leh en Inde du Nord, puis a été transportée de façon cahotique pendant treize heures jusqu’au sommet. Certaines des chevilles étaient un peu lâches, mais c’est un phénomène commun à toutes les harpes, même au niveau de la mer, et qui se corrige facilement (si vous n’avez jamais « enfoncé les chevilles « , voir notre vidéo pour savoir comment faire). Le levier du do grave s’est cassé en cours de route, mais nous avions parrainé un jeu complet de pièces de rechange, que Siobhan et Sean – tous deux prévoyants – avaient apporté avec eux.
Au cours du concert, une vidéo a été réalisée dans laquelle Siobhan jouait le « Knappogue Meddley » d’Anne-Marie O’Farrell, tandis que le chef de projet Desmond Gentle lisait « The Prophets are Weeping », un poème du président irlandais Michael D Higgins. La salle de concert géodésique, construite pour l’événement à partir de bouteilles en plastique recyclées, a été laissée sur la montagne comme prototype d’abri de sauvetage pour les randonneurs. Le concert a une grande histoire à raconter, mais aussi plusieurs messages sérieux. Desmond Gentle, qui est malheureusement décédé peu de temps après son retour du plus haut concert, était un restaurateur de pianos toujours engagé dans des sujets les plus larges, et utilisant la musique pour y remédier.
Siobhan, qui étudie également la harpe à pédales à l’école de musique de Cork avec Anne-Marie Papin Labazordiere, jouera bientôt une partie de son programme himalayen sur cet instrument. « Certaines musiques sont plus adaptées à la harpe de concert », explique-t-elle. « Qui sait, peut-être qu’un jour nous l’emmènerons en haut de la montagne… »