Le blog des Harpes Camac
Festival Camac, Belfort 2018
Actualités
9 novembre, 2018
Nous constatons souvent autour de nous que les organisateurs d’événements souhaitent très vite atteindre une dimension internationale. Nombreuses sont les personnes qui mettent en place un concours international, qui organisent un festival international ou qui envisagent une portée internationale à leur magasin. Malgré le fait que cette ambition semble être une bonne chose, cela ne mène pas bien loin si l’ancrage n’est pas solide, et comme bien souvent, sans de bonnes fondations, cela ne fonctionne pas très bien.
D’un point de vue artistique, l’importance d’un ancrage régional se justifie à tous les niveaux. Concernant les concours, sans la possibilité de faire ses armes dans des concours locaux, puis nationaux, les élèves ne pourraient pas bien se préparer pour les concours internationaux et cela ne serait d’une grande aide pour personne. Concernant l’apprentissage de la musique, si les élèves ne peuvent bénéficier d’un bon enseignement à un niveau local, on se retrouve aux examens d’entrée au Conservatoire face à de jeunes musiciens studieux qui rêvent d’une grande carrière, mais qui en réalité en sont bien loin et le jury en arrive à se demander s’il est bien raisonnable de les pousser sur cette voie. Tout le monde met en avant les professeurs des grands Conservatoires, mais ils se sentiraient impuissants sans les enseignants qui s’occupent des élèves en amont car ils n’auraient pas de grands élèves à qui enseigner.
Concernant les concerts et les festivals, les grands artistes internationaux passent la moitié de leur temps en tournée parce que si la musique ne vient pas au public, seuls quelques personnes pourraient se permettre de se déplacer pour se rendre à un concert. Bien sûr, il est important de trouver de nouvelles sources d’inspiration, mais ces dernières sont souvent beaucoup plus accessibles si elles sont en rapport avec ce que les spectateurs vivent chaque jour. Au sein du département Mécénat des Harpes Camac, nous aimons particulièrement mettre en lien des artistes locaux et étrangers. Cela montre aux jeunes musiciens qu’il y a différentes façons de vivre sa vie musicale et que cela stimule l’état d’esprit solide et créatif nécessaire à une carrière couronnée de succès.
Nous avons vécu un excellent festival à Belfort, non loin des frontières suisse et allemande, dans le nord-est de la France. Chaque année, le troisième week-end d’octobre, nous nous rendons dans une région francophone différente et proposons un programme artistique éclectique et qualitatif ainsi que la plus importante exposition de notre saison. Nous souhaitons ainsi mettre en lumière la richesse et l’étendue du talent harpistique de la région et permettre à nos clients d’essayer nos instruments et de bénéficier de nos services, notamment la révision de leur harpe.
Si vous souhaitez essayer le plus grand nombre possible de nos instruments dans un même endroit, ce festival est votre meilleure chance ! Le vendredi après-midi, nous avions tout installé, les harpes étaient accordées et nous étions fin prêts à accueillir les spectateurs venus assister à notre première soirée de concerts. Cette année, nous avions légèrement modifié l’organisation de ces soirées afin de proposer deux concerts : des récitals classiques à 20h, suivis de concerts d’un tout autre genre à 21h30.
Patrizia Tassini a donné un superbe récital autour du répertoire français et espagnol, partageant avec le public tout le brio et toute la sagesse artistique issue d’une longue carrière artistique au plus haut niveau. Sans surprise, elle a conquis les spectateurs et nous aurions aimé qu’elle apporte plus de CDs car ils ont vite été en rupture de stock ! Après une courte pause, ça a été au tour de Maestral (musique bretonne métissée) de monter sur scène : Anne Postic (harpe celtique), Pierre-Antoine Colas (trompette), Yann Honoré (cellobass/basse), Herri Loquet (batterie) et Erwann Thépaut en régie. Comme nous, ils avaient fait un long voyage depuis la Bretagne et n’ont laissé aucun doute (si doute il y avait) sur la vivacité et la flexibilité de la musique traditionnelle au XXIe siècle ! Les harpistes de Belfort ont également eu la chance de travailler avec Anne sur la musique bretonne lors d’un atelier le lendemain après-midi.
Le samedi a commencé assez tôt pour Patrizia Tassini qui a donné une master-classe longue, intense et très appréciée dans l’auditorium. « Il n’est pas si fréquent qu’une artiste si talentueuse soit aussi une bonne pédagogue », a dit un spectateur en venant nous voir ensuite sur l’exposition. « C’est vraiment important d’en profiter pleinement lorsqu’on en a la possibilité. » Le samedi soir, nous avons à nouveau assisté un récital virtuose et très apprécié donné par Guan Wang, professeur de harpe au China Central Conservatory of Music (CCOM) et Harpe Solo du China National Symphony Orchestra.
Ce concert a ensuite laissé place à une ambiance totalement différente avec le rock alternatif de Paris’Click ! Ceux qui ont quitté la salle parce qu’ils trouvaient le son trop fort ne s’accordaient en réalité qu’une courte pause le temps de récupérer avant de regagner leur place et à la fin, tout le monde dansait dans la salle. Le stand de vente a aussi été dévalisé après le concert (et, oui, même les vinyles ont tous été vendus !). Nous ne savions pas que tant de harpistes reconnus étaient aussi des rockeurs invétérés, mais chaque festival est aussi une expérience et permet de nombreuses ouvertures.
Le dimanche a commencé un peu plus tard, par respect pour le fait que c’est le matin du lendemain de la veille (!). A 11h, le Salon Nobel était rempli et Jakez François a donné une conférence sur la fabrication des Harpes Camac. Au fur et à mesure des années, notre entreprise a réalisé de nombreux ajustements à la facture traditionnelle de la harpe et cette intervention était l’occasion de les découvrir plus en détail et d’échanger à ce sujet.
Pendant ce temps, dans le grand auditorium, la répétition générale du grand final du festival battait son plein. Sophie Bonduelle, alias Sophie La Harpiste, a fait carrière en alliant harpe et humour. Avec Hélène Duchaillut, professeur au CRD de Belfort, elle a créé un spectacle comique mettant en scène les élèves d’Hélène. Nous avons bien conscience de tout le travail que cela a nécessité et les élèves ont été amenés à faire des choses qu’ils n’avaient jamais faites auparavant. Nous pensions que ce spectacle serait plaisant, mais en réalité, nous avons été époustouflés par ce qu’on nous avons vu. Le spectacle était à guichets fermés et pendant une heure, nous avons ri à gorge déployée tandis que sur scène, les changements de costumes, les effets de lumière, les différents styles musicaux, les danses, les ensembles de harpes se succédaient. Hélène, Sophie et les jeunes harpistes de Belfort ont décrit notre quotidien dans le monde de la harpe au travers d’un kaléidoscope exalté. Tout y était, depuis la série des excuses des élèves qui n’ont pas travaillé jusqu’au sketch de Sophie incarnant une spécialiste de la musique contemporaine.
Comme dans toute bonne comédie, il y avait aussi des moments de vrai pathos. L’humour est une affaire sérieuse et peut nous apprendre beaucoup. Un grand grand merci à tous ceux qui ont travaillé dur sur ce spectacle et un grand bravo pour ce succès bien mérité. Nous espérons que ce spectacle sera joué à nouveau !
En parlant de jouer à nouveau : nous étions tristes de devoir quitter Belfort après tant d’enthousiasme et de belles rencontres. C’est cet empressement et cette énergie qui font toute la force d’un festival et qui sont à la fois contagieux pour les spectateurs et tellement plaisants pour nous. Mais nous nous consolons en nous disant que le programme est déjà bien avancé pour le Festival Camac 2019… Patience et surveillez bien ce blog pour ne manquer aucun détail !