Le blog des Harpes Camac
Dasson An Delenn : « Résonance de la harpe ». Un concours de harpe celtique en Bretagne
Actualités
10 juin, 2015
En 2014, nous avons organisé un nouveau concours de harpe celtique, chez nous, en Bretagne : Dasson an Delenn. Il était ouvert aux élèves harpistes âgés de moins de 21 ans, de toutes les nationalités. Le répertoire du concours était composé d’œuvres imposées et de pièces au choix du candidat, toutes d’inspiration bretonne (que ce soit de la musique traditionnelle bretonne, de morceaux composés par des artistes bretons ou des arrangements bretons pour la harpe). Vous remarquerez le .bzh à la fin de l’adresse du site internet du concours : www.dassonandelenn.bzh. Cela signifie « Breizh », « Bretagne » en breton : nous avions posé notre candidature pour ce .bzh et nous sommes très fiers que notre candidature ait été retenue.
Nous remercions chaleureusement nos partenaires pour leur soutien : le Conservatoire de musique et de danse de Pontivy Communauté, Savarez Strings, Pontivy Communauté et le Conseil Général du Morbihan.
La première édition de Dasson an Delenn s’est déroulée les 23 et 24 mai 2014. Cinquante candidats se sont présentés dans les quatre catégories et ont concouru devant un jury de spécialistes composé de Lisardo Lombardia (président), Armelle Gourlaouën, Florence Jamain, Sunita Staneslow et Mathilde Walpoel.
Et voici les résultats :
Résultats de la première catégorie (jusqu’à 11 ans inclus) :
1er Prix avec félicitations du jury : Bleuen GUILLOUARD
1ers Prix Ex-Aequo : Paul VIEUXLOUP, Aurore ESPOSITO
2èmes Prix Ex-Aequo : Ines JUHEL, Nour MIDOUNI
3èmes Prix Ex-Aequo : Arthur CLOAREC, Hermine D’APREMONT, Maïwenn CUMUNEL
Résultats de la deuxième catégorie (jusqu’à 14 ans inclus) :
1er Prix : Céline BOURREAU
2ème Prix : Emma PICHENOT
3ème Prix : Kervi MONTFORT PERRIN
Résultats de la troisième catégorie (jusqu’à 17 ans inclus) :
1er Prix : Adèle ETAIX
2ème Prix : Awena LUCAS
3ème Prix : Matthieu COURTEILLE
Résultats de la quatrième catégorie (jusqu’à 20 ans inclus) :
2ème Prix : Matthieu COURTEILLE
Félicitations à toutes et à tous !
Nous avons également été très touchés et émus par l’hommage de Mariannig Larc’hantec, qui se trouvait dans le public à Pontivy. Mariannig a été tellement impressionnée après avoir entendu la première journée de ce concours, qu’elle a écrit combien cela lui rappelait le lancement du Concours Kan Ar Bobl, compétition qu’elle avait créée. Ce concours avait été remporté par Kristen Noguès, la grande harpiste Bretonne qui nous a quittés trop tôt. De plus, la première édition du concours Dasson an Delenn s’est déroulée Rue Kristen Nogues…
« Née en 1953 sous les doigts du petit Alain Cochevelou, la harpe celtique a grandi, telle une princesse, en beauté et en sagesse. Les concerts du festival d’Ancenis avaient montré qu’elle s’était émancipée de sa grande sœur et pouvait cohabiter sans complexe. Le concours de Pontivy a confirmé que, si les harpistes professionnels avaient maintenant leur place dans le monde de la musique, la génération émergeante était d’une qualité saisissante. Cela montre donc que l’enseignement, lui aussi, est à maturité.
Mais alors comment ne pas penser au Kan Ar Bobl ? Une grande salle bien décorée, un jury impressionnant, des parents stressés. Dans les « salles de chauffe ou loges » des candidats morts de peur, un peu gauches parfois dans leur « tenue de scène ». Dans les couloirs, mais aussi dans la salle, des professeurs armés d’une clé d’accord dans la main droite et d’un paquet de mouchoirs dans la gauche, anticipant un problème qui ne viendra sans doute pas, à l’affût d’une hypothétique faute de note, de rythme, de levier ou même de goût. Tantôt prenant leurs élèves sous leur aile protectrice tantôt les bousculant un peu car ils estiment que c’est ce qui les fait avancer, à chacun son style. Un maître de cérémonie annonçant les noms des candidats et leur programme, enfin le « c’est à toi » fatidique qui met le jeune dans la situation du concertiste.
J’ai retrouvé tout cela au concours de Pontivy, rien n’a changé dans la forme. Pourtant rien n’est pareil, rien ne sera plus jamais pareil. La qualité des instruments, le niveau des candidats, donc celui des enseignants, les exigences du jury sont les premières choses qui sautent aux oreilles. Mais ce qui m’a frappée c’est surtout cette suite ininterrompue de ce que je prenais pour de petits miracles, là où tout le monde, ce samedi, constatait des évidences : des harpes toujours bien accordées et bien réglées, des morceaux variés, des conditions d’exécution confortables, dans une salle aux normes acoustiques prévues pour ce genre d’évènement.
Au fil du temps
Dans ce miroir du passé je n’ai pu m’empêcher de voir dans cet élégant PDG de la maison Camac qui annonçait les candidats, qui remontait ou baissait les tabourets des candidats avec toujours un mot d’encouragement, le petit Jakez pour lequel, mes collègues et moi, avions eu les mêmes attentions, les mêmes gestes, les mêmes mots. Puis je regarde les membres du jury, toutes des filles, rencontrées, il n’y a pas si longtemps me semblait-il, tremblantes de trac dans leur loge malgré leur si belle robe. Je me suis souvenue de ma clé d’accord et de mes mouchoirs, à une époque finalement pas si lointaine, où l’accordeur n’existait pas, où les harpes japonaises étaient un condensé de technologie inégalé, où le répertoire presque inexistant paraissait admirable, où la harpe semblait à tous une belle évidence.
Nous ne savions pas à quel point nous participions ensemble à une aventure extraordinaire dans laquelle chacun avait sa part : nous donnions vie à un instrument de musique.
Le premier concours de harpe reconnu par la communauté musicale bretonne s’est donc déroulé au sein du Kan Ar Bobl, coincé entre l’épreuve de chant à danser et celle d’accordéon diatonique, en 1975, il y a très exactement 40 ans. La première lauréate a laissé son nom à l’histoire : « Premier prix avec félicitations du jury, Kristen Noguès ». Ironie du sort Dasson an Delenn a posé ses valises pour son premier acte, rue Kristen Noguès. Nul doute que l’ombre de la grande artiste veillait sur les épreuves. »
Mariannig Larc’hantec